Je restait ainsi quelques instants, humant son cou avec délice, ma poitrine posé contre son bras. Mais j'était en transe... Je ne sentait rien... Une voix finit par me ramener à la réalité.

"-Si tu es tout le temps comme ça je comprends pourquoi tu étais nue au moment de notre rencontre. Mais bon il faut être une idiote pour trainer dans ces rues là toute seule et sans défense. Et encore "idiote" le mot est faible, je ne voudrais pas être vulgaire."

Je me redressai alors vivement, me demandant ce qui m'avait pris. Je remarquai qu'il avait reculé et qu'un air blasé transparaissait sur son visage. J'ouvrit la bouche puis la refermais avec gène. Je fulminai. Il m'avait traité d'idiote! Je le regardai donc d'un regard noir et dit d'une voix limpide:

-Je ne suis pas une idiote! Je m'y suis juste perdu et ce n'est pas ma faute si une bande de pervers complètement malade m'a agressé!

Il me poussa d'une main pour m'éloigner. Je le laissait faire sans broncher. Il se remit à fixer le paysage. A mon tour, je me mit a fixer le ciel par la fenêtre. Il était bleu... On voyait tout de même apparaitre de légères trainées blanches par ci par là.

"En tout je te préviens, une fois là haut je ne serais pas là pour vieller sur toi. Je ne suis pas du genre à taper la discute avec des personnes aussi peut consciente. Et je te conseille de ne rien dire sur ce qui s'est passé aujourd'hui, j'ai une réputation que je ne voudrais pas tacher."

Là, c'était le ponpon! Cet espèce de psychopate complètement marteau osait parler de moi ainsi?! Je le regardai du coin de l'oeil avec froideur puis je lachai un soupir. Je dis alors d'une voix moqueuse.

-Compte donc sur moi pour prévenir tout Lost School.

Je pouffai discrètement. Enfin, j'apercu la majesteuse Lost School... A côté, j'entendis Naï lacher un soupir de soulagement. Il avait l'air content d'arriver. Je l'était aussi. Enfin, cette galère était terminé... Enfin... Je le vit se lever, je fit de même, le suivant tandis qu'il descendait. Je me surpris donc à détailler un peu plus l'endroit. Au milieu d'un grand parc aux multiples arbres en tout genre: Cerisiers, pommiers, citronnier, mandarinier, poiriers, pruniers ect... Il y avait également des buissons de fraises et de framboises. J'entendit mon ventre gargouiller. Je lachait un léger rire et repérai un pommier.

Je me mit donc à courrir pour prendre de l'élan et, arrivée à 1 mètre de l'arbre, je fit un bond en l'air et réussit à choper 3 pommes. Je revint donc en courant mais au dernier moment, je le contournai pour lui lancer une pomme à l'arrière de la tête.

-Ca c'est pour m'avoir traité d'idiote!

Je pouffai et revint vers lui, lui tendant une pomme, essuyant le mienne sur mon haut. Je croquais dedans, me delectant de ce gout doux et fruité. Puis, j'entendis un concert de murmures
Regarde, c'est Naïtoko, j'ai entendu dire qu'il avait tué un prof!".
Je regardai ces filles d'un regard le plus noir que je pouvait. Je ne fus satisfaite que lorsqu'elles se retournèrent pour s'éloigner. Je baillai un coup et d'autre rumeur vinrent à mes oreilles:
"Hé! Regardez c'est le célèbre Naïtoko! Et cette fille qui l'accompagne c'est... sa prochaine victime? Oh non elle regarde par là!"
Ils détournèrent la tête tandis que moi je fulminai, continuant à marcher derrière Naï sans vraiment savoir pourquoi. Je le regardai avec inquiétude, mes profonds yeux rouges exprimant une crainte mélée d'agacement, de colère et d'inquiétude. C'était un sentiment étrange.

Il planta son couteau dans la pomme que je lui tendait, en décrocha le quart et... jeta le reste sur le sol! Je ralai un peu. Gaspillez la nourriture ainsi... Puis il continua à avancer après avoir ranger son couteau, et moi, je continuai à le suivre. J'en profitai pour détailler un peu plus son dos, plus par curiosité qu'autre chose. Il avait de l'allure, il fallait l'avouer. Je sentais que je l'agaçait. Et je le savais bien. Mais il n'avait pas fini d'être agacé! Je rit intérieurement, continuant encore et toujours à le suivre.

Enfin, nous arrivâmes dans le hall du batiment. C'était splendide... Les grandes portes lui donnait une allure de chateau fort et l'intérieur... C'était tellement beau que c'en était indescriptible! Il regarda un peu autour de lui puis parti s'assoir dans un coin isolée tandis que moi, je le suivait tel une gentil petit toutou. Il s'assit contre le mur, je fis pareil, à un ou deux mètres de lui. Cet endroit de la pièce était peu éclairé. Puis il dit:


"- Si tu veux dire quoi que ce soit sur ce qui est arrivé je peux toujours mettre à terme mes menaces des premières minutes où nous nous sommes rencontrés. Enfin bon je ne t'ai jamais demandé d'être collante..."

Je tentais de me rappeler de quoi il parlait. Cela me revint vite en mémoire. Les images de mon sauvetage me revinrent à l'esprit, ainsi que les menaces qu'avait proféré Naïtoko... "Vous me connaissez bien mal, enfin j'aurais été à votre place je lui aurais d'abord coupé la queue, les oreilles aussi peut-être, après je lui aurais fais un peu ce que j'aurais voulu, après je lui aurais sans doute arraché la langue, puis doucement je lui aurais tronçonné les jambes, puis les bras. Bien sûr j'aurais fais en sorte qu'elle reste en vie et qu'elle ne perdre pas trop de sang, je lui aurais ensuite ouvert le torse pour voir son coeur battre, puis je lui aurais arraché sauvagement après lui avoir promis de trouver toute sa famille pour leurs réserver le même sort."...

Je frémis longuement puis dit d'une voix égale qui ne laissait transpercer ni peur ni angoisse:

-Laisse-moi rire! Je sais bien que tu est quelqu'un de pas net mais laisse-moi te dire une chose, tu ne me fait pas peur! Les gens dans ton genre ne m'impressionent pas. Et puis, comme tu le demande si gentiment, je vais bien entendu continuer à te suivre...

Un sourire dédaigneux se dessina sur mon visage. Je savait que c'était une bien mauvaise manière de remercier mon sauveur mais j'avait une soudaine poussée d'adrénaline qui me disait de le provoquer. Je voulait voir s'il était vraiment capable de faire ce genre de chose, je voulait aussi voir sa réaction.

C'est vrai que cela avait été plus que puéril de sa part de se mettre à pleurer juste à l'évocation de ce mot. Mais cela lui avait fait mal... Pourquoi? Elle ne le savais pas elle-même... Peut-être étais-ce juste le fait que cela lui rappelait encore une fois sa différence... Mais d'habitude, elle se serait simplement contenté de frapper la personne ayant dit ça, avec Naïtoko, en revanche, elle s'était mise à pleurer... C'était injuste que seul cet être humain parvienne à faire ressortir la faiblesse de Nina à ce point. Mais quand elle entendis un petit "je" suivi d'un silence gêné, elle se rendit compte qu'il ne l'avait certainement pas fait exprès, ou, du moins, qu'il n'insinuait rien. Du coup, elle se sentis bête d'avoir réagi de cette manière. Elle s'essuya rapidement les yeux et se retourna face à Naïtoko mais il ne la regardai déjà plus. Elle afficha une mine triste mais elle le vit tourner et taper contre le mur avec son genou droit pour ensuite voir sa tête taper contre le mur. Nina tressaillit à la vue de ces deux impacts et s'accroupit tandis qu'une larme coulait sur la joue de Naïtoko. Celui-ci prit son genou contre lui, baissa la tête et s'excusa. Nina le fixa longuement, ne sachant que faire ou répondre. Elle se contenta donc de le regarder pendant un moment avant d'esquisser un sourire. Elle prit son courage à deux mains et avança vers une élève qui lui paraissait gentille et inoffensive.

-Excusez-moi... Auriez-vous un mouchoir?

La fille aquiesca doucement et sortit un paquet de sa poche pour tendre un mouchoir à Nina qui la remercia d'un signe de tête. Elle retourna donc discrètement près que Naïtoko et se mit sur la pointe des pieds pour essuyer la larme qui coulait sur sa joue. Elle esquissa un sourire et dit d'une voix douce:

"Ne t'inquiète pas, ce n'est pas grave, je sais bien que tu n'insinuait rien..."

Elle sourit pour de vrai et murmura à l'oreille de Naïtoko:

-"Merci de m'avoir sauvé, je ne veut pas t'importuner plus longtemps mais sache que je trouverais une manière de te remercier... Sur ce... Au revoir..."

Elle murmura les derniers mots en Italien, embrassa sa joue et se retourna, marchant doucement vers sa chambre pour s'y installer. Elle se retourna une dernière fois mais ne parvint à le voir, étant donné qu'il était dans l'ombre. Elle sourit tout de même, persuadé qu'il la verrait et s'éloigna.