Ce matin-là, le froid imprégnait les rues de la jolie ville de MoutainCity. Dalya était allée acheté du pain et quelques médicaments puisqu'elle avait attrapé un fort rhume qui lui obstruait la gorge. Ce qui l'embêtait tout particulièrement car ce n'était pas un jour comme les autres : tous les élèves de Lost School reprenaient leurs cours dès le début de l'après-midi et comme chaque fois, la jeune femme devait donc prononcer le discours habituel de début d'année scolaire. Cependant, avec la voix qu'elle avait actuellement, les élèves allaient sans doute bien rigoler ! Remarquez, connaissant la Tornade Rousse, l'auto-dérision serait sans doute de mise durant ce petit briefing.

Marchant rapidement, remontant son écharpe sur son nez, elle toussota légèrement puis rentra dans l'école, prenant la direction de son bureau. Certes, elle aurait pu laisser le soin à Tsukio de parler aux élèves mais elle ne voulait pas. C'était son petit rituel qu'elle entretenait depuis présentement trois rentrées. Car oui, c'était sa troisième rentrée en tant que Directrice de Lost School et elle devait avouer qu'elle adorait son métier (quand il ne s'agissait pas de paperasses !). Or, elle ne laisserait pas ce qu'elle considérait comme un privilège à son jeune collègue Neko. Rapidement, elle avala deux ou trois comprimés pour calmer sa fièvre puis prit une pastille pour la gorge avant de se râcler celle-ci. Elle s'assit à son bureau en se frottant les mains pour réchauffer celles-ci. Elle enleva sa veste puis retrouvant sa liste de nouveaux élèves ainsi que leur assignation entre les quatre sections. Ils accueillaient encore pas mal de nouveaux élèves et la jeune directrice s'en félicita. Lost School devenait de plus en plus réputée et les inspecteurs académiques avaient le sourire.

Dalya ferma les yeux et toussa de nouveau avant de s'afaler contre le dossier de son siège de bureau. Son chat qui avait bien grandi vint sauter sur ses genoux et se roula en boule sur elle en ronronnant. Elle se mit à sourire et lui caressa le poil doucement. Elle leva les yeux vers l'heure et remarqua qu'il était déjà tard alors doucement, elle prit le chat et le posa sur le bureau avant de se mettre debout et d'attraper ses papiers ainsi que les emplois du temps des élèves de sa section et des Aeris. Elle sortit et remarqua joyeusement l'attroupement d'élèves en bas des marches. Ils se tournèrent vers elle et la suivirent du regard tandis qu'elle montait les marches jusqu'en haut. Là, les professeurs l'attendaient calmement, les deux autres directeurs de section attendant un peu plus en avant.

La jeune rousse fit un sourire chaleureux à l'assemblée et se râcla la gorge avant de commencer à parler d'une voix légèrement rauque.

- Bien le bonjour à tous ! Elle grimaça. Et bien, malgré les laits chauds au miel, les médicaments et les pastilles pour la gorge, je crains que ma tentative pour que vous ne remarquiez pas que je suis malade est ratée ! Elle se mit à rire, imitée par certains de la salle. Bref ! Je suis heureuse de vous retrouver cette année encore pour une nouvelle année probablement remplie de surprises. J'espère pour tous que vous réussirez avec brio votre année et que vous ferez la fierté de notre école. Les redoublants, ne vous découragez pas, il n'est jamais trop tard pour réussir !

Elle marqua une pause, toussant légèrement pour dégager sa gorge.

- Désolée. Comme vous avez pu le constater, monsieur Akai, professeur d'Allemand mais surtout directeur des Aeris, nous a quittés. En effet, il a été muté dans une autre école. Pour le moment, la section Aeris n'a pas encore de nouveau responsable donc je serai à votre disposition en cas de problème. N'hésitez pas à venir me voir au moindre problème. Ce sera également moi qui distribuerai vos emplois du temps et toute la paperasse habituelle de la rentrée. Comme chaque année -et je le répète pour les nouveaux !-, votre professeur principal vous attendra en bas des marches. Je vous souhaite à tous une très bonne rentrée ! Et surtout... la santé ! Ajouta-t-elle en riant, enrouée.

La jeune femme descendit les marches et regarda les élèves vêtus de gris et d'orange se ranger devant elle. Elle leur adressa un sourire et commença donc à leur donner tous les formulaires.

Biiip biiip biiip.

Une main aux longs doigts fins s'abattit sur le réveil et l'éteignit tandis qu'une jolie blonde soupirait. Elle était réveillée depuis très longtemps déjà. En réalité, elle n'avait même pas dormi. Ses yeux la brûlaient de fatigue mais aussi des larmes qui avaient trop coulées cette nuit-là. Ismène était revenue vivre au manoir, ayant rompu avec son petit ami depuis un peu plus d'un mois. Elle soupira en posant les yeux sur la pièce. Elle avait passé la nuit à déprimer, assise sur le bord de la fenêtre et imaginant parfois son frêle petit corps s'écraser sur le sol en bas du manoir. Cela mettrait fin à sa vie misérable et pathétique...

Lentement, la jeune fille alla prendre ses affaires et se dirigea vers les douches. Elle se lava rapidement et sortit, s'enroulant d'une serviette bleue et soupira un instant en se regardant dans la glace. L'avantage avec ses insomnies, c'est qu'elle était toujours la première dans les douches et qu'elle ne croisait personne. Son visage était palot, de légères cernes bordaient le dessous de ses yeux et elle avait considérablement maigri depuis qu'elle avait quitté l'appartement de Yoh. Lentement, elle commença à s'habiller de l'uniforme grisâtre des Aeris, laissant ses cheveux détachés et coiffés très rapidement, sans prendre grand soin. Elle n'avait plus envie de plaire, ni d'être jolie. À quoi bon puisqu'il n'était plus là pour la voir, pour la désirer... pour l'aimer... Elle sentit les larmes remplir ses yeux de nouveau et se mordit la lèvre pour se contenir. La journée serait longue... Elle était épuisée et n'avait pas la force de reprendre les cours, les railleries, les maltraitances... Il n'était même plus là pour la protéger...

Elle termina de se préparer et retourna à sa chambre pour attraper son sac qu'elle mit sur son épaule, toujours en luttant contre ses larmes. Elle descendit lentement en évitant tout le monde et cherchant à se camoufler du regard des autres. Elle avait hâte que la cérémonie de rentrée se finisse, hâte que la journée se termine... Hâte que sa vie s'arrête. Son coeur lui faisait mal. Elle ne prit pas la peine de passer par le réfectoire pour petit déjeuner et prit place sur un banc du hall d'entrée. Il n'y avait personne pour le moment. Après quelques quarts d'heure, elle vit du monde arriver par petits groupes, d'autres entrer par l'escalier principal. Elle ferma un instant les yeux et attendit. Lorsque Dalya se présenta, elle se mit debout et l'écouta de l'endroit où elle était. Monsieur Akai avait été muté, c'était donc vrai ? Elle n'avait d'abord pas cru les rumeurs mais à présent que c'était annoncé officiellement, elle s'en voulut de ne pas avoir dit au revoir au professeur d'allemand. Elle grimaça légèrement. Cela voulait dire qu'elle se retrouvait sans directeur de section mais c'était Dalya qui avait repris la place provisoirement, alors, cela la rassura.

Lorsque la directrice termina son discours, la jeune humaine prit la direction de mademoiselle Yoru afin de prendre son emploi du temps auprès d'elle. Une fois qu'elle l'eut acquis après avoir rendu un faible sourire à celui chaleureux de la directrice, Ismène décida de retourner en salle d'études. Au moins là-bas, elle serait tranquille. Elle fût bousculée par un groupe d'élèves turbulents et heurta un petit Telluris qui se trouvait près d'elle. Elle grogna furieusement et se retourna vers le jeune homme à peine plus grand qu'elle.

- Déso...

Elle se stoppa en voyant les oreilles et la queue épaisse à la fourrure d'argent du petit Kitsune. C'était un hybride. Elle le regarda des pieds à la tête : uniforme marron. Un Telluris. Comme Lucy. Elle recula d'un pas, son visage palissant à vue d'oeil, son regard s'humidifiant. Il ne manquait plus que cela : qu'elle s'attire les foudres d'un hybride de Telluris. Elle balbutia d'une voix presque implorante :

- Par... Pardon... Je suis désolée... On m'a poussée... Excuse-moi...

Sur ces mots, elle fit volte face et se précipita dans le couloir le plus proche pour fuir avant qu'il ne s'occupe de lui faire regretter d'être venue au monde.