La journée était déjà bien entamée lorsque Maya décida enfin de bouger ses fesses de sa chambre. La jeune fille était fatiguée, cette nuit en effet, elle avait fait une violente crise et avait du se rendre à l'infirmerie de l'école pour être examinée. Elle n'était revenue dans sa chambre qu'à quatre heures et demi du matin. Elle bâilla lourdement et sauta du lit, titubant un instant, le poids de la nuit blanche se faisant ressentir. Elle se dirigea vers l'armoire et attrapa des vêtements propres avant de se diriger vers les douches. Elle se dévêtit et se glissa sous l'eau, s'étirant de tout son long une fois que l'eau se fût mise à couler. Il faudrait qu'elle songe à faire couper un peu ses cheveux car là... ils étaient franchement très longs et cela devenait dérangeant. Elle se lava longuement, prenant le temps de profiter de la caresse brûlante de l'eau sur sa peau. Une fois fait, elle sortit et s'enroula dans une serviette avant de se regarder dans le miroir. Les cernes sous ses yeux étaient bien visibles aujourd'hui. Elle grogna silencieusement puis commença à s'habiller, enfilant un jean noir et un pull blanc avec un col très large qui découvrait ses épaules et le haut de ses bras. Elle laissa ses cheveux détachés et sortit pour rejoindre sa chambre. Elle enfila ses converses, sa veste de jogging noire, son écharpe rayée et son sac à dos avant de partir pour aller en ville.

Une fois dans les rues, elle remonta son écharpe sur son nez sous le froid mordant de l'hiver. Cela eut pour effet de finir de la réveiller. Elle sortit de sa létargie, se hâtant de rejoindre la librairie. Elle passa bien une bonne heure à feuilleter de nombreux livres, pensivement, profitant de la douce odeur de papier, de la chaleur environnante et du silence si agréable qui régnait. Elle fût bousculée par quelqu'un, comme de nombreux autres clients tandis qu'un Okami à qui elle jeta un regard glacial s'en allait en hâte. Un voleur ? Bizarrement, il ne bippa pas en passant le portique de sécurité. Haussant les épaules, elle finit par choisir un roman et le paya avec un sourire à la vendeuse. Celle-ci était déjà habituée à la voir puisque chaque jour de la semaine, la petite blonde venait acheter un nouveau livre.

D'un pas peu enjoué, elle se dirigea vers la sortie et... vers la morsure du froid. Une fois dehors, elle frissonna brusquement et toussa un peu. Elle eut à peine le temps de faire trois pas que quelque chose de glacial heurta son visage de plein fouet, la déséquilibrant, glissant sur le sol un peu verglacé. Elle tomba de tout son poids en arrière avec un gémissement de douleur tandis qu'un Okami éclatait de rire en criant :

- Et vingt-cinq points pour moi ! Vingt-cinq ! Avec l'autre, ça fait trente points !

Maya reprit peu à peu ses esprits et repéra le Okami qui l'avait bousculée un peu plus tôt. Elle pensa immédiatement que c'était l'ami de l'autre et tremblante, furieuse, elle se remit debout, boitillant un peu, s'étant légèrement tordu le genou sous la chute. Elle s'appuya contre le mur en toussant de nouveau et regarda ses mains qu'elle s'était écorchée en voulant se rattraper.

- Mais quel abruti !

Elle attrapa une canette de soda qui traînait par terre et l'envoya dans l'estomac de celui qui avait lancé la boule de neige. Ce qui le fit beaucoup moins rire. Elle en attrapa une autre et la balança dans le dos du Okami aux cheveux rouges.

- Vous êtes vraiment des enfoirés ! Cracha-t-elle avec colère, manquant de tomber de nouveau, son genou encore douloureux bien qu'elle n'était pas vraiment blessée.

Lorsqu'il la vit s'attaquer au second Okami, celui qui avait lancé la boule de neige écarquilla les yeux de nouveau avant de lui crier :

- Là, t'as fait une belle connerie...

Incrédule, elle regarda celui qui lui parlait et fronça les sourcils, déterminée, serrant les poings, prête à se défendre si l'autre n'était qu'un raciste prêt à casser de l'humain avec grand plaisir. Lentement, elle se redressa et s'exclama sur un ton défiant :

- Bah qu'il vienne, il ne me fait pas peur !

On pouvait facilement distinguer son petit accent brittanique lorsqu'elle parlait et l'autre Okami ne se gêna pas pour se moquer en l'imitant de façon grotesque avant de lui renvoyer un missile de neige en la raillant :

- En plus d'être humaine, t'es bourge' et anglaise !

Blessée, elle le fusilla de ses beaux yeux d'un bleu intense, oubliant un instant de surveiller celui qu'elle avait agressé.

La petite blonde frémit aux derniers mots du Okami à la boule de neige et fronça les sourcils. Lachime ? Hein ? C'était quoi lachime ? Décidément, ces français utilisaient des mots étranges qu'elle n'avait jamais appris. Elle s'apprêta à lui demander de quoi il parlait ou même tout simplement lui dire qu'il devrait retourner à l'école quand elle entendit des pas se rapprocher. L'autre Okami aux cheveux rouges s'était approché lentement comme pour la prendre par surprise. Méfiante, elle serra de nouveau les poings et ses traits durcirent. Il voulait se battre ? Et bien elle ne se laisserait pas faire. Cependant, à cinq mètres d'elle, il s'arrêta et s'agenouilla. Perplexe, elle arqua un sourcil et le fixa sans ciller. Que faisait-il au juste ? Soudain, elle tilta : il détournait son attention. Aussitôt ses prunelles bleutées se tournèrent vers l'autre qui venait d'envoyer une nouvelle boule de neige. La bande de salauds ! Ils essayaient de la piéger ! Par réflexe, elle se protégea le visage avec les deux bras, attendant l'impact. Elle attendit. Mais il ne vint pas. Elle écarta prudement son bouclier et vit le Okami aux cheveux rouges devant elle et la boule de neige au sol. Etait-ce l'un de ces rares hybrides avec un tant soit peu de bonté ?

L'autre se mit à insurger l'hybride aux oreilles blanches, avec véhémence. "Hachim". C'est alors qu'elle comprit : l'Hachim ! C'était un nom de famille ! Voilà pourquoi elle n'avait pas compris. Elle claqua sa main sur son front en se moquant intérieurement d'elle-même. Quand elle rouvrit les yeux, le dit Hachim avait encastré son semblable dans le mur. Maya ouvrit les yeux ronds et s'approcha, en boittillant légèrement, pour mettre fin à la bagarre. Ils n'allaient quand même pas se taper dessus ? Bon, elle devait bien reconnaître que le lanceur de boules de neige n'avait pas été très sympathique et même plutôt insultant... Mais quand même ! Elle n'entendit pas la phrase à son propos et vit simplement le Okami relâcher l'autre avec force. Se stoppant, de peur que tout se retourne sur elle, la jeune fille l'écouta avec attention. Ses mots la touchèrent. Halmed Hachim. Elle retiendrait son nom. Lui c'était quelqu'un de bien à première vue. Son discours était celui qu'elle aurait rêvé d'entendre dans la bouche de chaque être sur terre.

Elle s'humecta les lèvres et recommença à s'approcher quand il commença à soigner l'autre. Elle arriva près d'eux et put voir la neige imprégnée de sang. Elle s'agenouilla pour aider celui qui l'avait sauvée de la boule de neige mais l'autre cracha avec fureur :

- M'approche pas, toi, sale humaine ! Tu ne mérites même pas de me toucher !

Elle eut un mouvement de recul et se renferma aussitôt. Elle se remit maladroitement debout, son genou la lançant toujours et cracha au visage du loup au sol avant de se tourner vers Halmed Hachim.

- Pour que votre rêve se réalise, il faudrait déjà que ce genre de... de salauds n'existent plus... et qu'ils nous laissent tranquille... Moi j'ai jamais demandé à ce que mes ancêtres vous créent et vous maltraitent ! Je n'y suis pour rien si je suis humaine ! Détachant son beau regard de celui rouge de Halmed, elle attrapa une boule de neige et l'écrasa sur le visage de celui au sol. Les mecs comme toi me donne la gerbe !

Elle recula, larmes aux yeux et vit que le loup au sol ne comptait pas en rester là. Il repoussa Halmed et se mit debout avant d'empoigner la frêle demoiselle à la gorge et de la soulever de terre pour la flanquer contre le mur. Maya revit soudain son agression lors de cette fameuse nuit et ferma les yeux pour garder son calme.

- Tu vas me le payer, petite peste ! Je vais t'apprendre à te mettre à genoux devant tes supérieurs...
- Fous-moi la paix, tête de con !

Elle replia son genou et l'envoya en plein estomac de son assaillant qui le bloqua de sa main libre. Il le serra avec force et la jeune étudiante se mordit la lèvre pour ne pas hurler de douleur et ne pas lui offrir le plaisir de l'entendre souffrir. Il fût d'ailleurs surpris de la voir résister ainsi et fronça les sourcils avant de lancer :

- Mais c'est que tu payes pas de mine mais t'es résistante... sauf que moi, j'veux t'entendre hurler et me supplier d'arrêter. Puisque l'Hachim veut pas s'occuper de ton cas, j'vais le faire moi-même.

Il fit un ample mouvement de sa queue animale et l'envoya dans un lampadaire, lui arracha un faible gémissement. Elle s'écroula à quatre pattes sur le sol et sentit les larmes rouler sur ses joues. Pourquoi fallait-il toujours qu'on la déteste ? Qu'on veuille lui faire mal ? N'y avait-il personne pour l'aimer telle qu'elle était dans ce monde ? N'aurait-elle pas le droit au bonheur même durant ses dernières années de vie... ?

Orgueilleuse cependant, elle se remit debout, chancelante et le fusilla de ses beaux yeux bleus. Il revenait à la charge et elle serra les poings, prête à lui décocher une droite même si ce serait sans doute la dernière chose qu'elle ferait car il semblait bien décidé à la faire hurler. Ce qu'elle ne ferait pas. Et il serait amenée à la tuer. Se mordant la lèvre inférieure comme un tic nerveux, ses poumons la faisant avoir le souffle de plus en plus court, elle attendit la fin dignement.

La jeune anglaise vit son agresseur s'apprêter à ne faire d'elle qu'une poupée de chiffon d'sarticulée quand soudain, Halmed lui rentra dedans et le plaqua au sol. D'abord abasourdie, elle le regarda commencer à enfoncer la tête du Okami dans la neige. Ce fût alors qu'elle reprit ses esprits et vit celui qui voulait tant sa mort remuer de tous ses membres, le sang colorer de plus en plus la neige. Elle sauta sur l'Hachim et attrapa son bras.

- Arrêtez !! Arrêtez !! Vous allez le tuer, Halmed !!

Mais il ne semblait pas l'entendre, animé d'une rage sans précédent. Elle tira de toutes ses forces et fût bientôt rejoint par d'autres personnes plus fortes qu'elle qui finirent par séparer le duo au son des sirènes de pompier. La jeune fille était essoufflée et se mit en retrait, légèrement mal à l'aise au milieu de tout le monde qui s'était amassé autour d'eux. Elle se mordit la lèvre inférieure, nerveuse mais ne partit pas car elle voulait remercier celui qui lui était venu en aide par deux fois. Cependant celui-ci semblait dans un état plus qu'incontrôlable et Maya s'en sentit de plus en plus effrayée. Peu à peu les foule se dispersa et quelqu'un sembla parvenir à calmer le Okami aux cheveux rouges.

Une fois que celui-ci se fût retrouvé seul, la petite anglaise approcha à petits pas hésitants, son genou commençant à lui faire moins mal mais ses poumons la brûlant fortement. Il fallait dire que se faire ainsi soulever par la gorge ne l'aidait pas à atténuer cette douleur... Lentement, elle s'humecta un peu les lèvres et posa une main sur le bras du Hachim, pressant ses doigts dessus pour le faire réagir sans pour autant qu'il se retourne et la gifle. N'étant pas d'une grande confiance avec les hybrides, elle resta méfiante, gardant une certaine distance.

- Hal... Halmed, c'est ça ?... L'interpela-t-elle d'une petite voix. Je voulais vous remercier de m'avoir aidée... Si tous les hybrides étaient comme vous... nous les humains serions plus heureux et nous ne nous méfierions pas de ceux comme vous.

Ses beaux yeux bleus scrutèrent longuement ceux rouge sang du jeune homme. Elle frémit un instant, se demandant s'il était raisonnable de faire confiance à un Okami... Tous les hybrides qu'elle avait connus ne s'étaient jamais montré amicaux avec elle... mais celui-ci était-il différent ? Elle se passa de nouveau la langue sur les lèvres et rougit sans s'en rendre compte. Il allait peut-être l'envoyer promener mais au moins, elle l'aurait remercié... Son pâle visage était à la fois impassible et méfiant, son regard brillant d'une certaine reconnaissance mêlée à de l'inquiétude.

Alors qu'elle sentait ses jambes se pétrifier peu à peu sous la terreur qui lentement montait en elle, elle vit la haute stature du jeune homme se relever et se retourner lentement vers elle. La petite blonde frissonna à ce regard aussi rouge que le sang. Peut-être aurait-elle mieux fait de déguerpir ? ... Pourtant, quelque chose la poussait à rester. Cet homme l'intriguait, son regard, sa prestance... Tout ce qui aurait dû la faire fuir l'attirait. Elle lâcha son bras et vit qu'il se mit à pâlir. La colère contre elle ? Contre toute attente, il se mit à vomir. Son regard se baissa et ses sourcils se froncèrent. Elle le dégoûtait au point qu'il en vomisse... Elle décida de partir mais lorsqu'il se redressa, il se mit à lui parler. Nerveusement, elle mit ses mains dans ses poches. Il s'excusa, porta un discours de ceux qu'elle aimait... et lui posa une question fatidique. Elle recula d'un pas, s'apprêtant à répondre, enfonçant son visage dans son écharpe mais il sauta brusquement au sol, la faisant sursauter et reculer de trois pas, contre le mur. Elle heurta celui-ci sans s'en rendre compte et pencha la tête.

Le jeune homme sortit un sac de la neige et sembla soulagé avant de râler à cause des flocons qui tombaient peu à peu. Le regard de la jeune fille changea quand il lui montra un livre à la couverture rouge. Elle hoca un peu la tête et se passa la langue sur les lèvres. Elle était gênée par la réponse qu'elle allait devoir fournir. Après tout, elle l'avait agressé alors qu'il ne lui avait finalement rien fait. Embarrassée, elle baissa la tête vers ses pieds. Il l'intimidait et chaque fois qu'elle posait les yeux sur lui, ses joues rosissaient. Elle lui était infiniment reconnaissante et de ce fait, se trouvait déstabilisée devant lui, comme une petite fille face à son héros d'enfance. Sauf qu'elle, il s'agissait de son héros... de dix minutes. Elle prit une profonde inspiration et parla d'une petite voix :

- Je... Et bien, je suis désolée... mais je suis sortie de la librairie dans laquelle vous m'avez bousculée... et j'ai reçu une boule de neige... Balbutia-t-elle, penaude. Et l'autre là, il s'est moqué... Quand j'ai regardé autour de moi après m'être relevée, je vous ai vu, lui et vous. J'ai cru que vous étiez des amis... et que vous vouliez m'embêter...

Elle se tortilla les doigts, ceux-ci gelés par le froid. Elle portait de petites mitaines noires et jaunes comme sa petite veste de sport. Elle se gratta nerveusement la joue puis se sentit obligée d'ajouter :

- Les hybrides que j'ai connus... ils étaient tous comme lui... et je suis nouvelle ici, je ne suis pas habituée à rencontrer de gentils hybrides... J'espère que vous comprendrez et que vous me pardonnerez...

Elle se pencha légèrement, comme une légère révérance d'excuse puis releva ses jolis yeux vers ceux du loup. La neige formait de petits points blancs dans sa longue chevelure blonde et un flocon lui tomba sur le nez, lui faisant froncer le visage de façon attendrissante. Elle se frotta celui-ci et se mit à rougir fortement. Enfin, elle se rappela qu'elle ne s'était pas encore présentée. Elle rougit de plus belle et baissa vite la tête pour camoufler son visage timide derrière sa frange.

- Et je ... je m'appelle Maya Flores... Je suis anglaise et je viens d'arriver ici... Je connais que la librairie...

Elle se mordit la lèvre inférieure et n'osait pas regarder celui pour qui son coeur battait d'admiration. Il était si gentil malgré qu'elle l'eut agressé à tort et qu'il ait dû se battre pour lui sauver la mise. Décidément, elle faisait tout de travers, à cause d'elle, il aurait pu avoir de sérieux problèmes...

- Je suis désolée... Murmura-t-elle de nouveau, le visage toujours baissé.

La petite blonde fixait ses doigts rougis par le froid et les tortillait nerveusement, la légère brise faisant voleter ses quelques mèches rebelles pour lui chatouiller le visage. D'ailleurs, celui-ci lui fût relevé par le jeune Okami en même temps qu'il prenait ses mains dans la sienne. Aussitôt, ses joues prirent une teinte rouge comme les pivoines tandis que son regard se voyait forcé de plonger dans celui rubis du loup. Ses dents vinrent lentement meurtrirent l'intérieur de ses lèvres sous la tension qui faisait battre son coeur actuellement. Leurs visages étaient proches, elle pouvait distinguer chaque trait de son visage. Il était... beau. Oui, c'était le mot. La finesse de ses traîts adoucissaient un visage pourtant très masculin, ses lèvres fines, la forme de ses yeux, cette peau mâte typique des habitants d'Afrique du Nord. Sous ses propres pensées, Maya devint encore plus rouge et sa bouille se montra de plus en plus embarrassée. Elle était sincèrement gênée et son coeur battait la chamade. Elle espérait d'ailleurs qu'il ne l'entendait pas malgré la force avec laquelle il se démenait dans sa poitrine.

Soudain il lâcha ses mains et elle s'aperçut qu'elle avait été si plongée dans l'admiration de son visage qu'elle ne l'avait... pas écouté.

- ...sculer. J'étais énervé et j'ai bousculé plusieurs personnes par accident.

La jeune fille cligna bêtement des yeux, la bouche légèrement entrouverte, son souffle formant une petite vapeur blanche qui s'insinuait dans l'air lentement. Elle referma celle-ci rapidement, se trouvant l'air d'une crétine... ou d'un poisson... elle hésitait. Toujours est-il qu'il devait la trouver bien idiote à le fixer de cette façon sans réagir et le pire, c'est qu'elle ne savait pas de quoi il parlait puisqu'elle n'avait pas écouté... Elle se râcla la gorge comme un tic à son stress et tenta d'adopter une attitude détachée et décontractée.

- Ce n'est pas grave, lâcha-t-elle de son petit accent anglais. Je ne vais pas vous retenir plus longtemps, vous avez sans doute des tas de choses à faire...

Et moi, je vais retourner dans ma solitude, pensa-t-elle tristement. Elle lui fit de nouveau une petite révérence en basculant faiblement son corps puis ne put s'empêcher de scruter de nouveau son regard longuement et de s'y perdre. Il y avait dans celui-ci une lueur rassurante et réconfortante qui lui faisait perdre ses moyens. Il brillait d'une étincelle étrange et particulière qui avait le don de la mettre en émoi, d'affoler son coeur, de faire naître une chaleur apaisante dans son corps... Brusquement, elle se rendit compte qu'elle était restée de nombreuses secondes à le fixer de cette façon et ses joues s'enflammèrent de plus belle. Elle s'excusa et prit congé de lui précipitamment, le contournant pour avancer rapidement jusqu'à la première à droite. Une fois qu'elle fût à l'abri de son regard, elle s'appuya contre le mur et lâcha un fort soupir avant de se cogner le front d'une main, désespérée.

- Quelle idiote tu fais, Maya... Marmonna-t-elle pour elle-même. Tu ne l'as même pas remercié !

Roulant des yeux, priant pour qu'il soit encore là-bas, elle s'empressa de faire demi-tour et courut vers lui. Et là, le drame. Elle glissa et le heurta de plein fouet dans le dos, se rattrapant à son bras, pestant furieusement en anglais.

- Fucking snow...

Elle releva les yeux et se remit à rougir, reculant rapidement pour ne plus le toucher, comme si ne serait-ce que l'effleurer relevait du sacrilège. Comme s'il était une divinité intouchable à ses yeux.

- Excusez-moi, j'ai glissé... et je voulais vous remercier encore... sinon je crois qu'il m'aurait tuée sur place... Elle ajouta en marmonnant : Ca m'aurait finalement rendu service...

Les yeux baissés sur le sol, ses cheveux encombraient son beau visage et cachait son regard bleuté.

Spoiler:

Maya époussetait ses vêtements et releva son intense regard azuré vers le jeune Okami qui ne semblait pas avoir apprécié ce qu'elle avait marmonné et contre toute attente, ce qu'il lui dit la stupéfia de plus en plus. Elle vit alors le visage du jeune homme s'approcher du sien, lui faisant écarquiller les yeux et déglutir difficilement. Avait-il perdu la tête celui-là ? Comme si elle allait se laisser avoir par ces fichus hybrides ! Elle recula et lui envoya ... une droite qui claqua sa mâchoire avec force pour une frêle gamine comme elle. Les sourcils froncés, elle secoua la main, s'étant fait relativement mal (sans doute plus qu'à lui !) mais ça avait été un réflexe qu'elle n'était pas parvenue à retenir.

- Fuck ! Fuck ! Fuck ! Répétait-elle en se tenant le poignet de douleur, sautillant sur place sous la douleur du choc. You're a fucking jerk, guy !

Elle secoua la main puis l'examina en geignant de douleur, se mordant la lèvre inférieure. Mais pourquoi fallait-il qu'elle tombe sur tous les détraqués de la terre ? Et pourquoi fallait-il qu'elle ne soit même pas capable de se défendre sans se faire du mal elle-même ?! Furieuse contre le monde entier et contre elle-même, la jolie blonde le fusilla du regard et se décida à de nouveau parler ce français qu'elle exécrait :

- J'peux savoir ce que tu me veux exactement ?! Tu m'as sauvée juste pour me sauter ? Bah crève ! La prochaine fois, laisse-moi me faire tuer, ça sera plus utile ! Criait-elle en pleine rue tandis que tout le monde se retournait vers eux d'un air perplexe. C'est tellement facile de jouer les héros pour ensuite réclamer un dû inacceptable !

De nouveau, elle serra le poing, fulminante et le menaçant de nouveau avec avant de gémir de douleur.

- Fuckin' shit, je crois que tu m'as cassée la main ! Abruti !

Elle déversait sa colère en insulte contre lui tout en sachant parfaitement que si sa main était réellement cassée, ce serait uniquement de sa faute à elle. Elle s'adossa contre un mur et ferma les yeux, le souffle court, pour tenter de se calmer. Son coeur battait la chamade dans sa poitrine : est-ce qu'un baiser valait réellement une main cassé, mh ? Elle soupira puis rouvrit les yeux pour observer sa main. Heureusement, elle était rougie mais pas gonflée, ce qui était bon signe : sa main n'était pas cassée mais le coup allié au froid ambiant avait simplement fait accroitre la sensation de douleur.