♥ ~ Samedi soir, Musume revenait d’une soirée vidéos entre amies et rentrait chez elle, un studio qu’avaient aménagé ses parents au dessus de la chocolaterie et mitoyen à la demeure familiale. Dès qu’il fut question de son retour à la maison, la jeune femme avait demandé à préserver son indépendance, Pénélope et Sumio étudiant ailleurs ; rester seule avec maman et papa, lorsqu’on a occupé une chambre au pensionnat, donc acquis un minimum de liberté, ne l’enchantait guère. Ce jour là, son souhait reçut un accueil favorable, Daiki et Ayaki pour une fois ne tergiversèrent, très certainement soulagée de voir revenir l’une de leur progéniture au bercail.
Le cliquetis de la serrure se fit entendre. A l’intérieur de son appart, ‘Miss’ Gurume ôta ses chaussures et referma la porte qui grinça. Elle fit ses ablutions du soir, se vêtit de l’un de ses long tricot, de guêtres et munie d’un livre que Sora lui avait suggérée de lire, la jeune femme s’allongea sur son lit, sous ses édredons. Confortablement installée sur ses coussins, elle lut plusieurs pages à la lueur d’une lampe de chevet et la fatigue la gagna. La tête de la lectrice retomba mollement, luttant contre le sommeil. L’entêtée tourna encore une autre page du bouquin qu’elle avait, bailla et tenta de déchiffrer les phrases du roman, mais la somnolence eut raison de la liseuse.
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♥ ~ Musume dormait à poings fermés lorsque le réveil de la chaine Hifi sonna, une musique d’ambiance s’égrena doucement. La marmotte cilla des paupières et sortit de ses couettes. Son visage s’illumina, plusieurs rayons de soleil s’étaient frayés une percée entre les tentures. Pleine de peps, elle se leva, ouvrit rideaux et portes fenêtres déjà entrouvertes ~ ne supportant les pièces confinées ~, afin de scruter l’horizon. Aucun nuage en vue, la chaleur du soleil coula de douceur sur elle. Une belle journée en prévision *.* Hop... Musu fila à la salle de bain et se lava. Elle coiffa ensuite ses cheveux mouillés, et tira sa frange devant ses yeux, essayant de cacher son hétérochromie. Une touche de maquillage, du parfum, et la demoiselle s’habilla d’une lingerie blanche brodée de cœurs, d’un chemisier blanc ample légèrement transparent et d’un jean slim avec une ceinture.
Fin prête et enthousiaste, la jeune femme se prépara un p’tit déj. pantagruélique vite engloutit et rangea sa chambrée. Elle éteignit la stéréo, attrapa besace et chandail, enroula une étole turquoise autour de son cou. Elle piocha une paire de socks, chaussa une de ses paires de bottes en cuir marron, montantes et quitta son foyer.
Dehors, la guillerette respira le bon air frais et vivifiant des Alpes. Des papillons vinrent à croiser son chemin, Musume eut un sourire béat. Ils étaient magnifiques, leurs pâles élytres nervurés d’une multitude de couleurs, s’agitaient avec grâce comme s’ils flânaient. Cette simple vision la charma et motivée, elle prit le bus. Le temps du trajet, elle poursuivit la lecture de ‘l’ouvrage fantaisiste’, sur lequel, elle s’était endormie.
- Quartier Est -
Descendue de la navette, la jeune femme se dirigea vers le parc. Elle aimait la quiétude de ces lieux, le bruissement du vent entre les branches d’arbres, le chant des oiseaux. Elle aperçût au loin un élève qu’elle avait frappé il y a peu avec un livre, Halchim Hamed ; ils se firent un signe amical. Rayonnante, elle se décida à prendre un chemin boisé, où quelques joggers courraient. Elle vit un garçon mettre la main aux fesses d’une fille qui s’arrêta furieuse et le gifla en l’invectivant. Musume eut un fou rire devant l’action et ne s’attarda. Son trajet débouchant à la lisière du parc, elle remarqua une marelle. La jeune femme un tantinet gamine s’empara d’un caillou, qu’elle lança, et sautilla à cloche pied jusqu’à atteindre le ciel amusée et son parcours l’amena sur une des rues piétonnes de la ville.
Mountain City était animée le dimanche matin. Le marché sur la grande place et les magasins avoisinants ouverts, attiraient les gens... C’était agréable de musarder au milieu de cette foule. Musume chemina divertie par les vendeurs haranguant des chalands, plus loin des ménagères échangeaient leurs recettes, d’autres choisissaient des produits et négociaient leurs paniers.
La ‘Miss’ remonta plusieurs ruelles et arriva enfin au musée où elle grimpa les escaliers avec entrain. Tsukio Storw lors du dernier cours, avait demandé à ses étudiants de s’informer sur la période de la Renaissance. D’un naturel curieux, l’étudiante s’était décidée outre les informations disponibles sur le web et à la bibliothèque, à retourner visiter l’édifice moderne où elle aimait se rendre afin de profiter de la quiétude des lieux... L’entrée et l’atrium passés, la jeune femme paya son billet au guichet et commença sa visite. ‘L’esthète’ redécouvrit avec ce même plaisir, la première imprimerie de Gutenberg, les peintures sur vitrail et autres reliques de ce siècle.
Sa visite la mena à une autre galerie où différents tableaux d’artistes étaient accrochés aux murs. Ses n’yeux virevoltèrent de l’un à l’autre, elle s’arrêta sur l’explicatif des techniques de peintures utilisées de l’époque, enregistra quelques notes sur son téléphone et apprécia ‘La Patience 2’ de Giorgio Vasari pour la énième fois. D’immenses sculptures étaient exposées ça et là ; ‘Diane la chasseresse’ de Jean Goujon et autres effigies religieuses romaines se côtoyaient. C’était beau et singulier pour la nippone qui ne partageait l’engouement des référents ecclésiastiques européens.
Demoiselle Gurume prolongea sa promenade, lorsqu’un groupe de gosses bruyants accompagnés d’adultes débaroula. Sur l’instant elle fut ahurit par le brouhaha qu’ils provoquèrent et deux gamines s’amenèrent... Musume avenante les regarda bienveillante, l’une d’elle chercha à lire le titre du bouquin qu’elle avait encore entre ses mains, l’autre lui tendit un bonbon que la jeune femme refusa et sa copine voulut donner un coup de pied à la japonaise qui l’esquiva. Un des accompagnants les rappela à l’ordre tandis que l’attention de Musume fut retenue par une enfant en retrait à la coupe au carré, à qui on aurait donné le bon dieu sans confession, tirant la langue à tout le monde...
*La petite peste...* Elle s’esclaffa de bon cœur et un gardien en uniforme gronda afin d’obtenir le calme...
‘Ce court entracte’ plaisant terminé, l’étudiante pénétra une enceinte spacieuse où étaient exposées les fresques et là ce fut l’ultime satisfaction lorsqu’elle s’arrêta devant, « La création d’Adam » de Michel-Ange. Musume grande fan de l’artiste et de ses œuvres fut pantoise, caressa de ses mirettes la représentation, se perdit à détailler le chef d’oeuvre à sons avis sublime... Ses pérégrinations la menèrent après, devant ‘La Cènes’ de Léonard de Vinci. Elle se concentra sur cette fresque, pencha la tête à gauche puis à droite, et fut émue, voire sensibilisée par ce patrimoine historique qu’elle avait à mainte reprise contemplé...
‘Miss’ Gurume eut envie de grignoter des M&M’S noir intense qu’elle sortit de son sac. La nippone ouvrit le paquet, quand une drôle d’impression la tarauda. Elle eut le sentiment d’être observée... Fragilisée dès l’enfance par des dissemblances telle qu’une crinière blanche, des yeux vairons ; faire l’objet des moqueries de camarades ; mais aussi être spectatrice des conflits entre humains et hybrides furent autant de phénomènes ‘plus ou moins’ néfastes qui exacerbèrent ses ‘perceptions extra sensorielles’. La jeune femme leva le nez de son paquet de friandises et soudain rencontra les orbes d’un homme qu’elle connaissait : le libraire de Mountain City. L’étudiante se rappela le jour où avec Naru-san, elles étaient allées au magasin du jeune homme pour acheter un coffret collector de Code Geass. Timide et intriguée, votre petite demoiselle ne fit de vagues et attendit en retrait que son amie termine ses achats. Elle eut un sourire se remémorant comme elle avait craqué sur le séducteur, qui n’était pas le genre du super musclor, mais d’un charme irrésistible qui ne la laissa indifférente. Aujourd’hui face au libraire, elle hésita encore, mais l’obstination de l’homme à ne la quitter des yeux, l’agaça... Elle n’aurait su comprendre l’étrange sensation, l’attirance qu’il exerça sur elle... Son cœur bâtit à un rythme presque effréné et contre toute attente, un sourire flotta sur ses lippes de coquine....
*Courage et détermination !* Devant le commerçant rouge comme une pivoine, la demoiselle se décida à entamer la conversation, malgré ses complexes et au risque d’être rabrouée.
« - Bonjour Monsieur le libraire ! - Joignant le geste à la parole, Musume brandit à celui-ci son livre, "La guerre des clans d’Erin Hunter " afin de justifier le fait qu’elle l’avait déjà vue. Mais ce fut avec un peu trop d’entrain, oubliant qu’elle tenait aussi son paquet de bonbons. Les sucreries au chocolat volèrent sur lui.
- Putain ! » Oô... La jeune femme se figea mais qu’elle maladroite !